J’ai eu beaucoup de peine à faire un choix de quelques oeuvres pour le blog, mais je vous laisse découvrir le reste sur son Instagram : Françoise Dedon

Née à Marseille en 1975, Françoise Dedon vit et travaille à Carqueiranne, dans le sud de la France.

Ses parents lui ont transmis leur gout pour les arts, sa mère ancienne élève des Beaux-Arts de Marseille, son père architecte paysagiste.

Elle a complété ses études par l’histoire de l’art, des visites des monuments, musées, sites si nombreux en Provence qu’ils sont un éternel vivier de créateurs.

Françoise Dedon structure ses toiles par des lignes épaisses, sombres, contrastant avec la douceur et la richesse du mélange de ses couleurs qui viennent les compléter.

Il se dégage de ses œuvres une harmonie troublante, à la fois délicate et puissante, presque brutale qui donne aux personnages, aux éléments, une présence ambiguë, onirique. Son art n’est pas discret, il s’impose.

La subtilité de l’art primitif qui s’immisce dans son travail est sensiblement liée à l’influence de ses nombreux voyages en Afrique Sub-Saharienne, en Asie, au Mexique…

La femme, la faune et la flore sont des sources d’inspiration inépuisables dans son œuvre.

Voici un extrait de l’interview pour “Art au Féminin”

Quel est votre parcours ?

J’ai vécu durant mon enfance dans un milieu ou l’art avait une place importante, ce qui a certainement contribué à m’ouvrir l’esprit très tôt. Ma mère a fait les beaux-arts, mon père paysagiste dessinait des plans de jardin sous mon regard, ma grand-mère collectionneuse de tableaux, sculptures, objets d’arts, m’emmenait à la découverte des musées et antiquaires de Marseille. Nous vivions au Mont des Oiseaux, sur une colline qui domine la mer méditerranée, les Iles de Porquerolles, du Levant et Port Cros, et j’aimais crayonner ce paysage exceptionnel. Nous étions abonnés à « Madame Figaro », chaque semaine je découvrais les pages mode, déco, les sublimes mannequins, actrices, les pubs, cette revue m’inspirait beaucoup, à l’époque nous n’avions pas internet, j’ai d’ailleurs réalisé durant cette période, de nombreux dessins de mode. Nous habitions près de Hyères les Palmiers qui organise tous les ans depuis 1985 le « Festival International de la Mode », présidé par de grands créateurs tel que Galliano, Paco Rabanne, Lagerfeld et bien d’autres. J’assistais à de nombreux défilés ce qui attisait ma passion pour le dessin de mode. Au lycée j’avais opté pour la filière littéraire section arts appliqués. J’étais et je suis toujours attirée par le design, cela m’intéresse d’imaginer des lampes, tables, luminaires, objets déco ce qui peut d’ailleurs apparaitre dans ma peinture actuelle.

– Comment et quand avez-vous commencé la peinture ?

Très jeune, mon premier tableau était un paysage qu’on m’avait demandé de réaliser pour la Kermesse de l’école, un vieux monsieur l’avait acheté et m’avait félicité pour mon travail. Je dessinais beaucoup c’était une forme de liberté d’évasion, je créais des petites bande-dessinées cependant, imaginer une histoire à partir d’un seul dessin m’intéressait davantage. J’ai exposé dans les années 90 dans ma région à Aix en Provence, Marseille, Toulon, Cassis ou je commençais à vivre de mon art, mais la naissance de mes enfants a stoppé mon élan, je n’arrivais pas à concilier les deux. J’ai donc repris les pinceaux des années plus tard en 2019, mes enfants avaient grandis. Depuis je travaille avec une Galerie qui me permet d’exposer en France ou à l’étranger. Une partie de mes œuvres se trouve depuis septembre 2020 dans une Galerie d’Art au centre de Barcelone jusqu’au mois d’avril 2021. J’ai pu également exposer malgré la crise sanitaire dans le sud de la France en solo-show tout le mois d’octobre 2020.

– Parlez-moi de votre Art / Quelles sont vos sources d’inspirations ?

J’ai pu voyager à travers le monde, au Brésil, Mexique, Sri Lanka, Tanzanie, Kenya… Mon mari travaillait en Côte d’Ivoire, je l’ai rejoint et nous avons vécu quelques temps dans ce pays. Ces découvertes de nouveaux peuples, de nouveaux horizons m’ont certainement impacté. Je suis sensible au travail des artisans, des maisons de couture lorsqu’elles dévoilent leur collection, au savoir-faire de nos grands Chefs cuisinier et Pâtissier, l’excellence du travail des Compagnons du Devoir. Pénétrer dans un lieu chargé d’histoire, toucher les pierres d’une église, d’un temple, d’une vielle demeure peu m’émouvoir. Toutes ces passions, toutes ces visions qui me touchent s’immiscent dans mon travail. Cependant ce que je préfère c’est puiser au fond de mon imaginaire, mixer mes émotions, mes souvenirs en vue d’une création, éviter de me servir du travail d’un artiste, peintre ou autre, travailler principalement sur le ressenti sur ce qui émane de mon imaginaire. La découverte d’un paysage, une lumière, une rencontre, un visage, je m’en imprègne et laisse murir cette vision. Il m’apparait ainsi plus intéressant, plus puissant de faire jaillir une émotion plutôt que de se servir d’un modèle.

– Que cherchez-vous à véhiculer à travers vos peintures ?

J’aime la beauté de ce qui nous entoure sous toutes ses formes. Je rejette et enfouis dans mon esprit ce qui me déplait, j’estime que les grandes souffrances, intérieure ou extérieure ne sont pas à poser sur toile. L’art a toujours été pour moi une échappatoire vers la liberté, le rêve, le plaisir, c’est mon côté hédoniste. Réussir à transmettre au spectateur ce que je ressens, c’est-à-dire se laisser porter par son imaginaire au-delà de ce que l’on regarde, concevoir à partir d’une œuvre un début, une suite, une fin, ne pas figer une œuvre dans le temps. Cependant je ne peux rester insensible à ce qui m’entoure, sur l’avenir déroutant qui nous est annoncé par les médias, les scientifiques, les chercheurs tant au niveau de la sécurité, de l’environnement de l’économie et à présent des crises sanitaires, ce qui se mêle quelque fois à ma palette. Je peux constater ainsi sur certaines œuvres un mélange de quiétude et d’inquiétude. Aujourd’hui, je n’ai pas envie d’inclure dans ma peinture des opinions trop personnelles sur l’état actuel de notre planète par exemple, ou sur moi-même comme un autoportrait. Probablement par pudeur, cela viendra peut-être plus tard.

– Si vous deviez choisir parmi l’une de vos œuvres, laquelle choisiriez-vous ? Et pourquoi ?
Ce n’est pas évident de répondre car chacun de mes tableaux est fondé sur une émotion, il m’est difficile de piocher et d’éliminer les autres. Mais pour répondre à la question, je dirais qu’un croquis réalisé récemment pourrait être un concentré de mon travail actuel. Il représente un homme et une femme qui font une découverte sur des terres désertiques. C’est un peu comme une scène d’un film, mais là c’est au spectateur de s’imaginer le déroulement de l’histoire. L’homme dirige son regard vers l’horizon, qu’obverse-t-il, pourquoi est-il équipé d’un sac à dos, que signifie l’objet trouvé dans la main de la jeune femme, que font-ils dans ce lieu aride ? Le choix des lignes épurées, l’évocation de l’avenir à travers les tenues un brin futuristes, le paysage qui pourrait suggérer le chaos, contrasté avec la sérénité des personnages qui dégagent un vent d’espoir, c’est un mix de ce que je peins et ressens actuellement.

– Décrivez-moi votre environnement de travail ? 

Il n’est pas défini, je suis souvent la lumière le jour, j’aime peindre à l’extérieur. Je peins soit au calme, soit en musique, accompagnée d’un film, seule, entourée, je suis le vent du moment, rien n’est figé.

– A quoi ressemble votre journée type ?

J’ai vécu des années sans peindre ni dessiner. Aujourd’hui tout ce qui aurait pu être réalisé dans mon art fusionne dans ma tête, j’ai soif de poser mes créations sur papier, toile peu importe. Cependant, j’ai une double activité puisque je travaille aussi dans une entreprise familiale, je dois concilier les deux. Je suis donc en perpétuelle activité le jour, je peins tard dans la nuit, les week-ends la majeure partie de mon temps, pinceau ou crayon m’accompagnent, mais c’est un choix qui me convient.

–  Quel est votre prochain défi ?

Exposer mon travail sur des terres ou les portes s’ouvrent ou l’art est en effervescence, comme l’Asie, les Etats Unis, l’Europe du nord…La France impose des barrières parfois difficiles à franchir, beaucoup d’artistes doivent hélas faire leurs preuves à l’étranger pour pénétrer dans le cercle et être reconnus artistiquement.

– Que pensez-vous de la place des femmes artistes dans le monde de l’art ?

Je pense qu’aujourd’hui il ne règne plus de grande différence au niveau de la reconnaissance artistique. Beaucoup de femmes artistes ont su s’imposer dans ce milieu, et nous récoltons à présent les fruits semés. Je n’ai pas ressenti personnellement d’atteinte à ce niveau-là. Ce qui a été la seule contrainte en tant que femme, viendrait plutôt de mes choix et mon désir profond de privilégier mes enfants à mon art qui m’envahissait. J’ai peut-être fonctionné à l’ancienne, en étant une mère qui consacre la majeure partie de son temps à ses enfants, tels mes parents ou mes grands-parents. Cependant j’ai adoré cette époque, tout comme j’adore revenir aujourd’hui à mes pinceaux.

Que voudriez-vous ajouter ?

La vie nous oblige à nous conformer à d’innombrables règles. L’art permet de pulvériser ce cadre et j’ose propulser mon travail dans de nombreuses directions, sans limite, en ayant conscience que, soit je me tire une balle dans le pied, soit je mets au contraire un grand coup dans la fourmilière. Je veux dire par là qu’on me conseille de rester dans un conformisme, de ne pas m’éparpiller « c’est plus vendeur ». Je pense pourtant qu’un bon nombre d’artistes disposent de plusieurs cordes à leurs arcs, et ils souhaiteraient à mon avis être purement libre dans leurs actes artistiquement. Pourquoi enfermer un artiste dans le cercle conventionnel s’il propose un large éventail d’œuvres, ce sont des codes que je trouve incompréhensible, qu’il m’apparait important de faire disparaitre au profit d’une effervescence artistique qui pourrait en surprendre plus d’un.

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